Lettre de Mme Timon Veuve Samatan à Benjamin Salles (1801)

Lettre de 2 pages envoyée à Benjamin Salles par Mme Timon Veuve Samatan.
Il s'agit probablement de Gabrielle Timon David (1756-1811) qui épousa en 1778 Basile Samatan (1743-1794), guillotiné à Marseille en 1794.
Elle demande l'aide de Charles Salles pour récupérer les sommes dues à son mari

M Benjamin Salles       Marseille le 19 Thermidor An 9 (6 Août 1801)
à Hambourg

Monsieur,

L'amitié qui vous lie avec mon frère J. F. Timon-David l'engagea il y a peu de jours à vous importuner pour mon compte en vous remettant le soin de faire passer quelques lettes à Londres et à Guernesey qu'il laissa ouvertes pour que vous voulussiez bien en prendre connaissance et me faciliter par les amis que vous avez sans doute dans ce milieu, les renseignements importants que je désire. Je ne doute pas que vous n'ayez donné à sa recommandation tout le poids qu'une intime amitié vous inspire. J'y joindrai encore la mienne qui, quoique plus faible, ne sera point désavouée puisque c'est une mère tutrice de huit enfants qui vous l'adresse. J'ai la certitude que de suite que vous aurez la réponse de ma lettre et que vous aurez recueilli par vos amis les renseignements que je sollicite, vous vous ferez un plaisir de me les participer sans retard.
          Le second mérite de la présente est de vous entretenir de mes affaires de Philadelphie et des autres villes de ce continent. M. Salavy de cette ville me fit part du paragraphe d'une lettre de M. Ch. Salles de Philadelphie en date du 8 avril 1797 par lequel il accusait réception de la dépêche que lui avait adressée de Trieste M. Delon renfermant toutes les pièces nécessaires à la réclamation des sommes dues à mon mari dans tout le continent anglo-américain. Les expressions que M. Salles a employé pour me démontrer combien il était jaloux de l'occasion qu'on lui fournissait de pouvoir être utile à la veuve et aux enfants de son excellent et et malheureux ami, ajoutent un nouveau prix au service qu'il allait me rendre. Je ne doute point que Je ne doute point que conformément à l'assurance qu'il m'en a donnée, il se soit occupé de traiter avec ma débiteuse. L'éloignement et le défaut de communication nous ont réciproquement privé de correspondre sur [ill.].

J'ignore s'il est encore à Philadelphie, personne mieux que vous n'est plus à même de m'en instruire comme aussi de me dire si, durant votre séjour auprès de M. Salles, vous avez eu connaissance qu'il ait terminé quelques unes de mes affaires. Leur importance me font vous prier, Monsieur, de m'honorer d'un bout de réponse à ce sujet et, dans le cas que Charles Salles ne soit pas dans ce moment à Philadelphie, je vous prie instamment de me remettre une lettre de recommandation en trois copies que j'adresserai au chargé de ses affaires avec les nouvelles instructions que j'ai à lui communiquer. Y aurait-il de l'indiscrétion à vous inviter à me faire tenir votre réponse dans le plus prompt délai ? Le départ qui se prépare de plusieurs navires arrivés dans notre port et dans celui de Bordeaux commande cette prompte [ill.]. Je serai bien aise de ne point manquer ces occasions qui peut-être ne se rencontreront pas de sitôt.

          Recevez d'avance l'expression de ma reconnaissance et du sincère attachement avec lequel j'ai l'honneur, Monsieur, d'être votre très obéissante servante,

Timon Vve Samatan

 

Adresse au dos du document :

à Monsieur
Monsieur Benjamin Salles
ABC Strasse N°135
à Hambourg

Note manuscrite de Benjamin Salles

1801
Marseille le 19 thermidor
Vve Samatan
reçu          le 21 Août
répondu   le 22 Décembre
signature 11