Date inconnue - Lettre de Louise Salles, fille d'Adèle Strafforello, à sa tante Constance Salles  

Résumé :


Pas de date

Pour ma tante Constance

Ma chère Tante,

Je ne veux pas laisser partir la lettre de Maman sans y joindre un petit mot pour vous et vous offrir mes vœux de bonne année. Ce sont ceux d’une nièce qui vous aime bien et qui voudrait bien vous embrasser aujourd’hui.

Mon éloignement me privera de votre bonne visite, ma chère Tante, et c’est pour moi un vrai sacrifice, j’aime toujours tant ma bonne Tante Constance ! Du moins je pense beaucoup à vous. A vous se rattachent de doux souvenirs d’enfance et de jeunesse : que n’ai-je pas fait que n’ai-je pas dit dans cette chère chambre du second ? Si j’étais libre, ma bonne Tante, j’y grimperais bien vite au matin du 1 janvier pour vous sauter au cou, comme dans le temps passé ; du moins j’y envoie mon cœur, et j’espère qu’il sera éloquent ; il vous redira, bonne Tante, tout ce que j’ai demandé pour vous à la crèche de Jésus Enfant.

Les fêtes de Noël sont très dévotieuses à Montpellier : tout y était nouveau pour moi, et mon cœur vivait un peu de souvenirs en ces belles solennités ; enfin notre Jésus est toujours le même et je crois même qu’il vient à nous avec plus de bonté quand nous déposons à ses pieds quelques gros sacrifices, mon paquet n’était pas vide cette année ma bonne Tante, le tout est de savoir, si Jésus l’a regardé avec satisfaction, car qui sait si ma générosité est assez grande !

Enfin je me travaille, et le Maître que je sais n’est pas trop exigeant. Il compte parfois des désirs comme des réalités. Priez un peu pour moi ma bonne Tante, demandez à Notre Seigneur que je devienne plus parfaite, et que mon cœur soit bien pour le jour où j’aurai le bonheur de faire ma probation.

Mes sœurs me disent dans leurs lettres que votre santé est toujours parfaite, et que vous sautez encore partout comme par le passé. Que vous avez suivi la retraite des orphelines avec beaucoup de zèle, malgré les froids rigoureux que nous avons eu au commencement de l’hiver. Je vous engage cependant, ma bonne Tante, à un peu vous soigner, car vous savez que vos rhumes sont rares mais fort longs, et qu’il vous faut alors garder la chambre et le coin du feu, où vos nièces vous tiennent compagnie.

J’espère que ma lettre ne vous trouvera pas dans cette triste attitude, et que vous faites ces jours ci bien des courses à l’approche du jour de l’an, c’est dans un moment de repos que je veux arriver, ma bonne Tante, et vous redire une fois encore les vœux que forme pour vous un Cor de Jésus.

Votre nièce respectueuse
Louise Salles
Rde S CY

(Le papier à lettre porte le symbole du Sacré Cœur de Jésus en relief)


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