17 Janvier 1853 - Lettre d'Anaïs Bousquet à sa cousine Constance  

Résumé :
De Lyon, lettre d'Anaïs Bousquet à sa cousine Constance.
Bien reçu à 24h d'intervalle votre lettre et votre colis : merci.
Nous apprenons l'accouchement d'Adèle (Salles Straforello).
Émilie qui a fait un séjour chez ses cousines de Lyon doit être contente de retrouver le soleil de Marseille.
Valentine va bien et nourrit sa fille. Magnin est resté fort pâle après sa maladie.


Lyon 17 janvier 1853

Ma chère cousine,

Votre délicieux envoie a précédé d’un jour votre bonne et affectueuse lettre. Je vous remercie donc doublement, et quand je pense comme cela vous fatigue d’écrire malgré tout le plaisir que me font vos lettres, ce plaisir même, je me le reproche.

Vos bons vœux de nouvel an, nous ont fort touché, ma bonne Constance, vous savez comme ils sont réciproques et comme chaque jour, nous demandons à Dieu, avec ferveur, qu’il protège et bénisse nos deux familles.

Nous apprendrons avec un vif intérêt l’heureuse délivrance de Madame Adèle. Veuillez lui offrir nos amitiés et la prier de faire donner de ses nouvelles, après la délivrance. Les grandes fatigues de la fin de sa grossesse doivent lui en faire vivement désirer le terme.

Je vois d’ici, la chère Emilie joliment contente d’avoir enfin retrouver sa mère, ses sœurs, son beau soleil. Dites lui mille choses affectueuses de notre part à tous, et assurez la qu’elle a vu pendant son séjour ici l’un de nos plus beaux brouillards …. Depuis, ils ont été fort rares et forts légers. Au total, l’hiver est magnifique, doux et sec, ce qui est bien inconnu à Lyon.

Valentine se porte à merveille, elle nourrit parfaitement bien. Elle a beaucoup de lait, sa petite est superbe. Elle ne tête qu’une fois la nuit, toujours à la même heure, puis elle se rendort sans mot dire et la mère aussi. Il en résulte que ma fille peut parfaitement accepter quelques soirées de carnaval, ce qui les distrait un peu.

Magnin est bien, mais il est resté fort pâle, assez affaibli, et avec encore un peu de fièvre la nuit. Je crois qu’il a été malade bien plus sérieusement et profondément qu’il ne le voulait paraître.

Vos raisins, ma chère Constance, sont excellents, dorés, gonflés, beaux et bons. Ils nous donnent une haute idée des fruits de Malay et si vous voulez me promettre une visite à Fontaines, je vous en ferai une également à Alaux, et là je vous ferai en outre, un dégât horrible sur vos si bons fruits. Merci des bonnes figues, des bonnes oranges, fort remarquables en effet ; vous êtes mille fois trop bonne, ma chère Constance, de nous avoir envoyer tant d’excellentes choses.

Les petites filles en sont fort réjouies, elles parlent souvent de vous, et regrette beaucoup leur cousine Emilie qui était si bonne et si complaisante. Tout ce petit peuple se porte à merveille, il n’y a eu encore aucun rhume, aucun malaise. Mon fils va bien, il est fort occupé je le vois peu à cause de cela et de l’époque des plaisirs.

Le bon Achille, nous fait, par son absence un vide extrême. Ma tante Maryvonne est à Paris depuis le 12 de ce mois, ayant fait très bonne route par un soleil digne de la Provence.

Veuillez ma chère cousine, vous charger de distribuer autour de vous, tous nos bons sentiments d’affection. Mon fils, mon gendre, vous présentent leurs tendres hommages. Valentine demande qu’on ne l’oublie pas, et moi, ma chère Constance, je vous offre de nouveau l’assurance de mon sincère attachement.

Anaïs Bousquet

Offrez, je vous prie à Louise, de notre part, mille bons souvenirs. J’attends sa visite avec une nièce pour cet été.


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