8 Octobre 1837 - Lettre de Constance Salles à son frère Charles-Louis 

Résumé :
St Loup le 8 octobre 1837. Lettre de Constance à son frère Charles-Louis.
Tout va bien à St Loup et à la Pomme.
C'est aujourd'hui que la petite Marie est sevrée, une seule enfant à nourrir suffit bien à Adèle. J'ai écrit à Louise le 31. Adèle a promis de lui écrire aussi cette semaine.


St Loup 8 octobre 1837

Nous avons reçu hier par Giraud, mon cher Charles, ta lettre ainsi que celle de Louis, qu’elle renfermait, je ne conçois pas comment la lettre que j’ai écrite à Adèle lui est parvenue si tard, je l’ai pourtant fait remettre Samedi de très bonne heure à la Poste et je pensais que dans la journée même elle serait rendue à la maison. J’espère que celle-ci sera remise plus exactement par le charretier qui dit aller demain matin en ville.

Nous sommes bien charmés d’avoir eu de vos nouvelles dont nous étions privés depuis votre départ, n’en ayant eu que d’indirectes par Martin qui est venu ici avec sa femme, pour prendre l’enfant d’une femme de St Loup, laquelle vient de mourir avant-hier je crois, du choléra quoique l’on ne veuille pas généralement en convenir, mais c’est Mr Boris lui-même qui a dit que c’était bien le choléra. Il est vrai qu’elle a fait de grandes imprudences comme de descendre dans son magasin le jour du grand froid quoiqu’elle n’ait que quelques jours de couche et de toujours manger contre l’ordonnance du médecin.

Le Mr qui habite la Moutte en est mort aussi après être resté pendant longtemps les pieds dans l’eau pour arroser. Du coté de la Pomme tout le monde se porte bien et à St Loup il n’y a plus rien eu non plus depuis cette femme c'est-à-dire depuis lundi.

C’est aujourd’hui que la pauvre Marie a du être sevrée, j’espère qu’elle se tirera bien de son sevrage. La fraîcheur du temps contribuera, je pense, à maintenir son bon appétit, embrasse la bien pour moi cette charmante enfant ainsi que toutes filles sans oublier la bonne Adèle. Je suis bien contente de ce qu’enfin elle ne nourrira plus qu’un enfant, ce qui est bien assez. Mes respects à M.et Mme Strafforello. Dis à Melle Tany que je suis bien avancée dans la distribution de ses images, il m’en reste à peu près 30 que je compte envoyer à Allauch.

Donnes nous de vos nouvelles, Giraud nous ayant dit que vous deviez venir en voiture et que vous n’aviez pas paru, cela nous tient en peine quoique nous espérions qu’aucun accident fâcheux n’a été la cause de ce retard.

Ma bonne est bien sensible à la part que tu prends à son malheur. Elle ne va pas mal et commence à revenir de l’abattement que lui avait causé ce terrible évènement.

J’ai écris à Louise le 31. Adèle m’a promis de lui écrire cette semaine, je pense qu’elle aura tenu parole. Si elle a écrit je lui écrirai la semaine prochaine. Je t’embrasse de tout mon cœur.

Ta sœur : C. Salles


Adresse :
Monsieur Charles Louis Salles
Rue du Baignoir n°35
Marseille