13 Août 1835 - Lettre de X à Charles Salles  

Résumé :
Lyon 13 août 1935. Lettre de … à Charles.
L'auteur projette l'expédition à St Etienne par le chemin de fer.

 


Lyon le 13 août 1835

Mon cher Charles

Tu diras que je suis bien négligent, voila déjà plusieurs jours que j’ai reçu ta lettre et je ne me suis pas beaucoup empressé de te répondre. Excuses moi mon ami et c’est que pour cela mon amitié n’en est pas moins vive.

Je suis effectivement comme tu me le dis dans un calme parfait qui contraste bien avec les agitations de mon voyage qui n’a rien moins été qu’orageux, j’ai eu beaucoup de peine surtout comme je l’avais prévu les premiers jours de mon départ mais à mon arrivée à Avignon elles se sont bien radoucies par les bontés et l’amitié que m’ont témoigné l’oncle et la tante Meissonnier. Prie Maman de leur en témoigner toute ma reconnaissance. J’ai reçu depuis une lettre de leur part me répondant à la mienne qui avait pour but de leur faire savoir notre heureuse arrivée. Mon temps se passe sans trop d’ennuis malgré que je sente bien que vous me manquez.
Tu sais mon cher Charles, que l’ennui n’est pas mon fort. Je divise ma journée en heure de lecture, de promenade, de courrier, de commissions pour nos dames et de visites.

Voilà quelle est ma vie. J’ai beaucoup de projets, mais le pénible est de faire marcher tout le monde et surtout Constance qui la pauvre, avec la petite, est bien délaissée, mais nous finirons par… marcher qu’avec Louise, car je compte mener ma barque à St Etienne par le chemin de fer(1). Cela n’est pas une petite entreprise, car il faut songer à partir à 5 heures du matin pour ne revenir que le soir à la nuit. Mais cela est si curieux que je veux absolument que ma femme soit de la partie.

Je parcours Lyon comme il faut et, à me voir, l’on était tenté de croire que j’ai fait le flâneur toute ma vie. Pas de revue, de musique, de distribution des prix, de grand messes un peu solennelles où je me trouve. Je visite les forts détachés en vrai connaisseur et je te prie de croire que ce n’est pas ce qui manque, enfin je vois tout, je suis partout, mais je dois à la vérité de dire que ce n’est pas la vie qui me convient, cela est bon pour quelques jours.

Je t’autorise pleinement mon cher ami, à aller prendre mes oiseaux, puissent-ils te procurer quelques bonnes matines ?, mais j’en doute, car je pensais t’en acheter deux ou trois d’après le dire de mon Etienne.


(1) Site du chemin de fer de St Etienne à Lyon (1825-1832)
     Rubrique "Les autres grands projets" puis
     Rubrique "Chemin de fer de St-Etienne à Lyon"

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