25 Mai 1836 - Lettre de Lise Bousquet et de sa fille Valentine à Constance Salles

Résumé
De Lyon, lettre de Lise Bousquet à Constance Salles.
Elle s'inquiète de la santé de Louise.
Elle a gagné son procès; elle attend son fils Achille junior pour la fin du mois. Il a 2 filles très laides dont l'une est rousse !


                                                         Lyon le 25 mai

J’ai reçu avec une grande consolation ta bonne lettre, ma chère Constance. Je crois à ton amitié à la sincérité de tes regrets de ce vide que te fait mon absence. J’éprouve les mêmes sentiments et je me demande comment je pourrais m’accoutumer à vivre sans vous, si Dieu le veut je m’y soumettrais sans doute ; mon cœur pourtant sera toujours près de vous. Ma seule distraction est de penser à vous tous. Je vous suis dans toutes vos occupations et je pourrai dire que je vis encore avec vous tant votre souvenir occupe mon esprit et mon cœur.

Ma pauvre sœur comment va-t-elle ? Je voudrais la savoir à la campagne. A-t-elle eu bien de la joie du gain de votre procès ? Quant à moi mon cœur n’est plus susceptible de ce sentiment, mais du moins j’ai senti une grande reconnaissance envers Dieu et la Ste Vierge et pour la lui témoigner je ferais continuer mes prières jusqu’à prier le tribunal de infraction, car nous irons heureusement.

J’attends mon fils à la fin du mois. Je sais qu’il est fort content de … qui est dans une grande dévotion mais charmante et élevant très bien ses deux filles, qui sont laides et dont l’une a les cheveux rouges, c’est fâcheux mais la bonne éducation accommode tout !

Je voudrais comme je l’ai écrit à Louise, avoir de suite ma robe noire, si vous n’avez pas d’occasion prompte envoyez la moi par la diligence. Madon pourrait y joindre deux essuie mains pourvu que le paquet soit autour de 10 livres, je pense ne pas payer plus de 3 f.

Je te prie, ma chère Constance, quand tu verras Louise seule sans sa mère de lui dire combien j’ai été touché de la sensibilité qu’elle m’a témoignée la veille de mon départ. Je l’ai toujours tendrement aimée, mais dans ma maladie j’ai appris à mieux juger et apprécier encore son esprit, son cœur, ses sentiments. Je prie pour elle tous les jours et pour sa mère que je chéris, si de toute mon âme. Que Dieu leur donne l’abondance de ses grâces et exauce les veux de mon cœur. Je l’embrasse avec la tendresse d’une bonne marraine.

C’est notre jeune abbé qui te remettra ma lettre s’il part demain. Je n’écrirai pas davantage et pour ne pas te faire attendre je finis en t’embrassant de cœur, ainsi que ma bonne sœur. Amitiés aux voisines.

Les affaires d’Amérique vont tous les jours plus mal. Les ouvriers sont tranquilles.

Valentine est venue dîner avec nous hier et vous écris quelques lignes. Charles ne (…papier déchiré) que demain samedi et vient dîner (…papier déchiré) avec nous. Il vous dira que je me porte (…papier déchiré) mais il ne sait pas combien je vous regrette et combien je vous aime, Dieu le sait et toi aussi ma chère Constance. Si une bonne âme sans indiscrétion pouvait se charger de mon pauvre tricot en gardant le peloton qui n’est pas présentable, je le recevrais avec plaisir, car je m’ennuie un peu. Cependant rien ne presse pour ma robe, je crains d’avoir un deuil de peu de jours. Dis à Sophie qu’Augustine est mariée au frère du mari de sa sœur aînée Mme Berger. Ils sont estropiés tous les deux.

Adieu, caresse aux bonnes petites. Conservez moi dans leurs souvenirs.

Ma chère Constance

Je vous envoie un petit paquet d’échantillons pour les clarisses. Je vous prie de les remercier de ma jolie petite pelote. Je les prie aussi, lorsqu’elles m’enverront quelque chose, de me donner des petites bêtises telles que pelotes pour épingles et pour aiguilles car à présent j’ai beaucoup de reliques. J’embrasse Louise et lui écrirai bientôt. Je présente mes respects et fais mes compliments à ma famille.

Valentine

Ma bonne maman recommande à Madon de mettre ce qu’elle a demandé dans de la toile cirée.


Adresse :
Mademoiselle Constance Salles
Rue du Baignoir N° 35
Marseille