Résumé : Lyon, le 1er décembre 1830 C’est à toi chère Constance que j’adresse ce papier n’ayant pu jusqu’à ce jour répondre à la lettre que tu m’avais fait l’amitié de m’écrire les premiers jours d’octobre. Je te remercie de l’intérêt que tu veux bien me témoigner, le malheur que j’éprouve a besoin des consolations, de l’amitié et on les chercherait si ce n’est dans ma famille. Je ne te dirai point toute ma douleur, je t’affligerais. Je ne veux que t’entretenir un moment. Ma position est toujours la même. Il n’y a point d’exagération à dire que les malheurs des autres l’aggrave encore. Mon mari est ici depuis plus de trois semaines bien changé au physique et au moral, bien malheureux puisqu’il porte à lui seul tout le blâme public, aussi il n’habitera plus Lyon et ne pourrait y vivre. Aussitôt que sa présence ne sera plus nécessaire il retournera à Paris finir ou traîner sa pauvre existence. |
J’ai demandé quoique trop tard la séparation de biens afin de sauver au moins mon pauvre mobilier. Nous n’avons pu louer notre appartement pour la Noël, il faudra donc l’avoir encore à notre charge jusqu’à la Saint-Jean. Cependant, dès que mon mari sera parti, j’irai à Fontaine. Mon fils se réunira à son beau-frère, Annette me quittera au plus tard, au commencement de février. Anaïs garde ma cuisinière et nous n’aurons qu’elle entre nous deux. Tous ces sacrifices ne sont rien après un pareil malheur. Ma santé est très bonne. Adieu ma chère Constance, priez tous pour moi. J’embrasse ma sœur, ma bonne Louise et toi, chère Constance de tout mon cœur. Je n’ai payé que deux ports de lettres, un de 18 sous et l’autre de 12. Charles m’a dit qu’on me rembourserait, ma sœur gardera cette bagatelle. Adresse : Cachet de la poste : 3 DEC 1830 |