3 Août 1802 - Lettre de Mme Madey (épouse de Louison) à Manette

Résumé :
Lettre de Mme Madey (épouse de Louison) à Manette, écrite de Paris. Bon voyage après 46 jours de traversée. Ton père Charles est en santé délabrée après ce malheureux voyage de l'an passé, il viendra nous rejoindre en octobre prochain.
Intéressants détails sur la famille.
La lettre est datée du 15 Thermidor mais l'année 1802 est déduite de son contenu.


Paris, le 15 Thermidor

Ta lettre, ma chère Manette, nous a fait le plus grand plaisir d’autant que c'est autant qu'il nous en souvienne la première de toi depuis notre séparation. Nous avons appris avec la plus grande satisfaction que toi et tout ce qui te concerne jouissaient tous d’une bonne santé, j’aurais désirée que celle de ta belle mère fut aussi bonne, mais il est vrai qu’elle ne jouit pas depuis longtemps de la santé et qu’elle doit, comme moi, y être accoutumée. Que faire ! Il faut de la patience et vouloir ce qu’on ne peut empêcher.

Notre traversée a été très heureuse et personne de nous n’a craint la mer et n’a eu la moindre indisposition, ce qui a été heureux dans 46 jours.

Nous avons eu des nouvelles de ton père. Il paraît que sa santé est bien délabrée. C’est à ce malheureux voyage de l’année passée qu’il doit cela. Il paraît décidé à venir nous rejoindre au mois d’Octobre prochain. Dieu veuille que ses affaires ne s’y mettent pour nous entraver !

 

Bousquet qui est ici depuis quelques jours nous a promis de nous mener sa femme et son fils. Vous serez tous fort aimables si vous faites le voyage mais nous ne pouvons pas nous en flatter.

N’as-tu pas honte de nourrir une fille de deux ans ? Il me semble qu’elle doit être bonne ou jamais à sevrer et d’ailleurs l'on prétend qu’il est peu salutaire à la santé de téter si longtemps.

Polyxène doit être bien aimable. J’ai appris, avec bien du chagrin, qu’elle était atteinte d’une douleur de rhumatisme, mais à cet âge il semble que l’on puisse aisément trouver un remède.

Mes enfants ont tous le plus grand désir de renouveler connaissance avec vous tous. Caroline est aussi grande que sa grand-mère; Auguste est aussi osseux, grand, mais d’une santé plus délicate. Mon Frédéric est très bien portant, enfin ma chère amie, sois l’interprète de nos tendres sentiments d’amitié auprès de ta belle mère et de ton mari. Nous embrassons tes enfants.

Mille choses à Melle (Bran ?) à la bonne Figuère. Françoise sensible à ton souvenir t’offre son respect et te prie de faire ses compliments à Figuère et à Melle (Bran ?).

Toute à toi ta bonne tante

Madey

Ton oncle vous embrasse tous. Nos amitiés à Mr (Vieja ?)