8 Octobre 1800 - Lettre de Marius à sa sœur Manette

Résumé :
De Hambourg lettre de Marius à sa sœur Manette.
Ravi de revoir son cousin et beau-frère Benjamin. Il parle de son prochain mariage avec sa cousine Lise ; il s'apprête à se rendre à St Pierre pour cette cérémonie.


Hambourg 8 octobre 1800

Nous avons eu le plaisir, ma bonne sœur, d’embrasser votre mari qui est près de nous depuis quelques jours. Je n’ai pas besoin de vous dire, combien m’a été agréable de revoir un ami, un frère aussi digne de toute l'estime et de toute l’amitié que je lui porte. Je laisse à votre cœur d’être le juge. Il est plus aisé d’éprouver que de décrire les émotions d’un cœur sensible. Le vôtre est bien fait pour les apprécier.

Benjamin n’a pas dû vous laisser ignorer le projet que mon père et mon oncle Jean-Baptiste avaient formé de m’unir à ma cousine Lise. Je me dispose à me rendre auprès d’elle pour accomplir leurs vœux : de mon oncle et ceux de toute la famille. Pourrai-je me flatter que ma chère sœur voudra bien me donner son consentement à cette union qui, sous son approbation, aurait plus de prix pour moi. Il est précieux pour mon cœur dans une circonstance aussi importante de ma vie de mériter les suffrages de toute ma famille.

Rendez-moi le service de faire part à Melle Roux et à ma nourrice, d’un évènement qui ne doit pas leur être indifférent. Je leur écrirai à l’une et à l’autre du lieu de ma destination, et quand je serai à même de leur faire agréer l’hommage de ma reconnaissance, qui loin de s’affaiblir dans mon cœur, s’accroît par le temps et ne s’effacera jamais de mon âme.

Il est inutile ma chère Manette de vouloir vous décrire les regrets que j’éprouve en quittant l’Europe. J’y laisse des objets chers à mon cœur pour ne pas en éprouver de très …. Mais quel que soit mon éloignement, mon cœur franchira les plus grands espaces. Je me trouverai souvent près de toi, de ma chère Lise, au milieu de vos enfants, et si quelques images obscurcissent mes jours, votre ressouvenir les dissiperont ou du moins m’aideront à les supporter.

Je me flatte que vous ne m’oublierez pas et que le souvenir d’un frère qui vous chérit tendrement ne s’effacera jamais de votre mémoire. Il lui sera doux de penser que les deux personnes qu’il aime mieux au monde le payent de retour et lui confèrent une amitié inviolable, égale à celle qu’il vous jure pour la vie.

M. Salles


Adresse :
Madame Salles, née Salles
Marseille
(Cachet noir)