26 Fructidor de l'an II (12 septembre 1794) - Lettre de Charles à son frère Pierre

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Résumé :
Cordouan. Lettre d'adieux écrite par Charles Salles, le 26 Fructidor de l'an second soit le 12 Septembre 1794, à frère aîné Pierre-Arnaud à Bordeaux.
Charles s’est embarqué sur un voilier à destination de Philadelphie.


A Cordouan le 26 fructidor de l’an second à 7h du matin

Après avoir resté quatre jours mon cher frère, dans la rade de Verdon, avec des temps abominables, nous sommes enfin sortis ce matin et dans ce moment nous nous trouvons à quatre lieux distants de la tour de Cordouan(1). Les vents dans la partie de ciel nord est sont frais portant le cap à l’ouest et ouest nord ouest. Il nous reste à désirer que ce même temps continue 25 à 30 jours, à coup sûr nous serons à Philadelphie, Dieu le veuille !

Nous sommes du reste aussi bien qu’il est possible de l’être à bord d’un navire, fort satisfaits du capitaine qui est doux, fort gai, et qui va au devant de tout ce qui peut nous être agréable. Nous sommes douze passagers dont la société est fort bonne, avec tout cela nous espérons faire une traversée moins pénible.

Mais nos moutons nous manquent avec ( …) envoyer d’autres vivres que les mauvais temps nous ont empêché de recevoir, nous ferons comme nous pourrons. Notre navire est bon, excellent voilier surtout, et portant la voile comme un rocher.

Voilà mon cher frère bien des sujets de consolation pour nous deux dans la privation où nous sommes de ne se voir pour longtemps sans doute. Mais, mon cher docteur, quelque éloignement qui nous sépare, nos cœurs seront toujours réunis par les tendres sentiments qui nous attachent l’un à l’autre depuis notre existence. Je ne vous recommande rien parce que je suis certain que vous agirez en toute occasion comme vous le feriez pour vous-même.

Expédiez mes lettres par le premier courrier après la réception de celle-ci. Ma pauvre et chère Manette sera bien chagrine en la lisant, mais quelques soient les regrets ils ne seront jamais aussi vifs que ceux que j’éprouve de vous quitter tous.

Réserver les assurances du respect de Marius qui jouit jusqu’à ce moment d’une excellente santé. Rappelez nous au souvenir de nos amis Jolymon des Barrières (& et&.) Adieu mon cher, mon ami. Comptez sur les sentiments d’un frère qui part avec la plus vive douleur d’être privé de vivre avec vous, adieu je me sens trop oppressé dans ce moment pour continuer cette lettre. Ne m’oubliez pas, écrivez moi, aimez moi avec l’assurance de la réciprocité des mêmes sentiments.

Vous avez des compliments d’amitié de (Crosamis Cirrio Bravo ?) et Sophie, tout ce monde là au comble de la joie, moi seul je suis morne et triste, moi seul il est vrai ai peut-être raison de l’être, adieu cher frère je vous aime et ce sera toujours ma devise la plus sûre.


(1) Commandé à la fin du XVIe siècle par le Maréchal de Matignon, gouverneur de Guyenne, à Louis de Foix, ingénieur-architecte. Le nouvel ouvrage est qualifié d'« œuvre royale ».
En 1611, soit 27 ans après la signature du contrat, François Beuscher termina l'œuvre . Lors de sa mise en service, le phare était constitué d'un petit dôme à huit baies fermées de vitraux. Dans un bassin placé sur un piédestal en bronze, on brûlait un mélange de bois, de poix et de goudron. Le feu était situé à 37 m au-dessus des plus hautes mers. En 1645, une violente tempête détruisit la pyramide et le dôme ; ce dernier fut rétabli en 1664, et le combustible fut remplacé par du blanc de baleine.
En 1719, la partie supérieure de la tour fut démolie. Elle sera reconstruite en 1724 sur de nouveaux plans.
Le premier feu à réverbères paraboliques vit le jour en 1782. De 1782 à 1789 l'ingénieur Joseph Teulère rehaussa cette tour de 30 mètres en conservant le rez-de-chaussée et les deux étages, et ceci dans le style Louis XVI dont la sobriété contraste avec la richesse des étages inférieurs, qui ont conservé leur décoration Renaissance.
Puis, en 1790, l'ingénieur Teulère, après avoir rehaussé le phare à 60 m au-dessus des plus hautes mers, mit au point le premier feu tournant à réverbères paraboliques, constitué de lampes à huile. Le combustible était un mélange de blanc de baleine, d'huile d'olive et d'huile de colza.Le premier appareil lenticulaire de Fresnel à système tournant, fut expérimenté à Cordouan en 1823.
En 1987, on installa une lampe de 2000 W halogène.
d'après http://fr.wikipedia.org/wiki/Phare_de_Cordouan
PS au dos de la lettre
Lettre d'adieux du citoyen Charles Salles, datée de Cordouan du 26 fructidor
Sans réponse

Adresse :
au Citoyen
Pierre Salles Rue de la taupe n°38
A Bordeaux