02 Janvier 1778 - Lettre de Judith Ders à Charles

Résumé 
du Carbet lettre à Charles de sa cousine Judith Ders.
Bonne année mon cher Cadet et merci de vos vœux.
Quant à me marier, j'y ai renoncé tout-à-fait ; j'y perdrais ma liberté et je l'aime trop pour m'en passer.
Bien reçu le caisson de manne mais pas la boite de thériaque¹; j'ai ma montre qui marche très bien.
Priez pour moi qui ne suis qu'une pauvre pécheresse. On attend pour février le père Ercady; c'est une grande joie pour moi, mais depuis 9 mois qu'il est parti, le chaudron est bien sale et je tremble que la pénitence ne soit bien forte.
Mille amitiés à Mme Babonneaux; je remettrai à mon frère cadet le montant de ce que je vous dois.


Lettre de Judith Ders à son cousin Charles

Au Carbet du 2 janvier 1778

Nous voilà à la nouvelle année mon cher Cadet. Je vous embrasse d’inclination et vous la souhaite bonne et des plus heureuse. Je fais les mêmes souhaits à votre chère épouse et famille. Je vous remercie des voeux que vous me faite dans votre dernière, je désire de tout mon cœur les deux premiers mais le dernier qui est de se marier, je vous assure que j’y ai renoncé tout à fait, je crains de perdre ma liberté, je l’aime trop pour l’épouser.

Ma chère mère, ainsi que mes sœurs, vous assurent de leur amitié et vous prie d’agréer leur sincère compliment.

J’ai reçu le caisson de manne, mais je n’ai pas reçu la boite de thériaque(1), je vais encore la faire demander à ces messieurs. J’ai eu aussi ma montre elle va très bien jusqu’à présent. Il me reste donc, mon cher cousin, à vous faire mes très sincères remerciements. Je serai toujours reconnaissante de toutes vos complaisances et bontés pour moi. Je voudrais être en même de les reconnaître plus sensiblement, je le ferais de tout mon cœur.


(1) (ndt) Remède universel qui pouvait tout guérir... Cf. Site

 

Puisque je n’ai point les moyens que je désire, je ne peux donc offrir que mes humbles prières au Seigneur et de lui dire : « mon Dieu vous voyez Charles votre serviteur, qui fait des railleries de moi parce qu’il est bon chrétien et moi une malheureuse pécheresse, mon Dieu pardonnez-lui ».
Oui, mon cher Cadet vous croyez que c’est pour rire, mais j’ai plus besoin de prières que tout ! Et je crois très fortement que si vous m’oubliez dans les vôtres, je serais bien à plaindre.

Je vous ai marqué dans une lettre que votre respectable maman a fait partir que j’étais une brebis égarée qui n’avait point de pasteur. Mais je commence à renaître.

Le père Noé a reçu des nouvelles que le père Irlady ce pasteur si désiré serait ici au commencement de février. Je vous avouerais mon ami que je ressens une grande joie, mais je tremble : depuis 9 mois qu’il est parti, le chaudron est bien sale, il lui faudrait un bon savon, voilà ce qui me fait trembler d’avance, et que la pénitence ne soit bien forte.

Mille amitiés je vous prie à Madame Babonneaux, embrassez-la pour moi. Je remettrai à mon frère Cadet le montant de toutes les affaires que vous m’avez envoyées, comme tout le marqué.

Je compte que sous cet été M Jeung qui vous aura porté la lettre dans laquelle je vous ai marqué que j’envoyais des noix pour vos petits enfants. C’est pourquoi vous les recevrez par lui.

Mme Demeurier m’a chargé de vous assurer de son amitié. Elle vient de perdre son unique fille des fièvres putrines. C’est dommage c’était une belle et bonne enfant.

Adieu mon cher Cadet je vous souhaite une bonne santé et vous prie de parler quelquefois à votre bonne amie.

Judith Ders