16 Janvier 1770 - Lettre de Marie Questel à son fils Charles

Résumé :
16 janvier 1770. Lettre de Marie Questel à son fils Charles. Elle alloue une pension de 500f à son fils Louison qui doit se trouver en France sous la garde de son frère Charles. Elle parle de la petite Manette, fille de Charles.

Noms propres : Père Sion – Mme Madey


Au Morne des Cadet le 16 janvier 1770

Mon cher fils, celle-ci est pour répondre à la dernière que vous m’avez écrite par le Révérend Père Sion qui est arrivé ici quelques jours avant le premier de l’an. Si vous m’aviez fait votre compliment sur le renouvellement de cette année vous auriez parfaitement bien rencontré, il n’est pas besoin mon cher Cadet, que je vous dise tout ce que je vous souhaite, vous connaissez les sentiments de mon cœur.

Ainsi c’est tout vous dire tout ce qu’il y a mon fils et que je vous prie de me donner pour mes étrennes c’est de vous ménager mieux que ce que vous avez fait jusqu’à présent. Vous prodiguez un peu trop votre santé en travaillant comme vous faites et souvenez vous mon fils qu’en possédant la santé on jouit de tous les trésors de la vie et en outre, il y a eu du bien avant vous et il y en aura encore après. Aussi au nom de Dieu ménagez cette chère santé, si ce n’est pas pour vous, que ce soit pour une mère qui le mérite par l’attachement qu’elle vous porte.

J’ai vu le Père Sion avec plaisir qui m’a dit une immensité de bonnes choses de tous vous autres. Ainsi mon cher enfant je ne suis point ingrate vous le savez et les sentiments de mon cœur vous sont connus. A tous je n’ai rien à répéter à cela.

Je vous écris en Poste et n’ai point le temps de m’expliquer avec vous pour ce qui regarde Hilaire et « l’habitation ». Les choses sont toujours comme elles ont toujours été dans une autre occasion. Je pourrais vous en parler mais n’est point le temps à présent.

Il ne me reste que le temps de m’arranger avec vous en ce qui concerne Louison. Je consens volontiers à lui faire une pension de 500f argent de France pour sa nourriture et son entretien. Voilà tout ce que la circonstance me permet de faire pour lui. Quant à ce que vous aurez dépensé jusque à ce jour (ceci) mis à part, je vous ferai, par le capitaine Ollive, un petit envoi en café pour vous remplir de votre déboursé (déboursement ?).

En outre je laisse à votre prudence le soin de lui allouer par semaine ou par mois, comme vous le jugerez à propos, les espèces qui lui seront versées pour les plaisirs honnêtes et pour la dépense. Ce dernier objet sera encore une affaire à part.

A supposer que le capital ne soit pas assez fort pour suppléer à tous les petits frais, ménagez toujours toute chose et faites pour le mieux. Donnez moi toujours de ses nouvelles et marquez moi comment il se comporte et si vous en avez été content. Je comptais lui écrire dans cette occasion mais elle est trop prompte. Faites lui part de mon amitié et que je ne l’ai point oublié.

Nous avons appris avec bien du chagrin l’accident de ma bru aînée. Témoignez-lui je vous prie toute la part que nous avons pris à son malheur et faites lui une bonne caresse de ma part, ainsi que de toute la famille, et notamment de ses chers enfants qui se portent bien. Son fils aîné est toujours fort élégant, il a été roi d’un bal ces jours passés où il s’ (en) est tiré parfaitement et à la grande satisfaction de son père.

Je vous prie de faire un million de caresses à votre chère Emilie et à ma chère petite Manette que je voudrais bien voir.

Bien des assurances d’amitié à toutes vos dames et surtout à la chère madame Madey, et que je lui recommande toujours son secrétaire, et que je lui prie de lui continuer son amitié, et que je désire bien ardemment qu’il s’en rende digne par les mœurs et par ses prévenances pour elle.

Il faut que je finisse car je crains beaucoup d’être trop tard.

Adieu mon cher Cadet, portez vous bien, ménagez vous de même, et souvenez vous d’une mère qui vous aime tendrement et qui tous les jours de sa vie se souvient de vous. Je suis toujours votre bonne mère :

Veuve Salles

Vous avez mille assurances de tous vos frères et sœurs et bien des respects de vos neveux. Souvenez vous du violon, je ne le vois pas arriver souvent.


Adresse :
A Monsieur
Monsieur Ch.Salles
Négociant
A Marseille