Du 30 juillet au 19 septembre 1907 - Séjour à Silhac puis
Voyage à Paris, St Malo, Jersey, Wight, Cherbourg par Léonie Fine
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Carte complète du voyage - Carte du séjour en Ardèche
L'année 1907 en France - Charles de Montalembert
1907 - Carnet n°13 rédigé par Léonie Fine (agée de 54 ans) relatant un séjour effectué à Silhac (Ardèche)
Mardi 30 Juillet 1907 Marseille / Valence Départ à 11 h 35 du soir pour Valence, Benjamin, Claire, Adèle, Béatrix, Mithé et moi. Nous allons passer un mois à Silhac, dans l'Ardèche avec Xavier et Gaby qui y sont déjà. Salvat nous accompagne en gare, nous installe dans un compartiment de 1ère allemand, très bonne pour le roulement et agréable pour la grandeur de la place mais très incommode pour s'appuyer, la tête est rejetée en avant, les reins non soutenus. Mercredi 31 Juillet 1907 Valence / Vernoux / Silhac Nuit plus ou moins bonne, on dort par lassitude ; étant au complet, peu de place pour s'installer. Arrivée à Valence vers 6 h du matin ; déjeûner excellent au buffet de la gare, air très vif ; pendant ce temps on charge l'auto diligence qui nous emmenera à Silhac. Courons pour les bicyclettes. Départ à 6 h ½ ; Adèle et Béatrix bien couvertes sur le devant, à côté du conducteur, Benjamin, Mithé, Claire et moi dans le coupé, glaces baissées, nous sommes très bien. Faisant le service de la poste et prenant des voyageurs dans l'intérieur, de plus passant par des villages éloignés, mettons 4 h pour le trajet. Route intéressante montant jusqu'à 750 m, d'abord campagnes arides, vertes et boisées vers la fin. Jeudi 1er Août 1907 Silhac [Carte] Après déjeûner visite de la maison, de ses dépendances, jusqu'à l'aire où travaillent une quinzaine d'hommes ; arragements tout le matin : Claire et Adèle couchent dans la chambre en face de la notre, Mithé et Béatrix , dans une à côté de celle de Xavier et de Gaby et en face de celle des petites. Ecrivons au bureau, fort commode. Vendredi 2 Août 1907 Silhac [Carte] Claire et Adèle se dématinent à cause du 1er vendredi du mois et vont à la messe de 7 h à Silhac, elles ont mis 35 mn à l'aller et 45 mn au retour. Samedi 3 Août 1907 Silhac [Carte] Lecture avec Benjamin près de l'aire sous un noyer, l'air est vif, la lecture de Montalembert passionante, aussi moment enchanteur ; bain des enfants puis travail avec les Ferrari au jeu de croquet. Petite mais jolie promenade à l'ombre de la colline au dessus du ravin du côté du chemin de fer des Ollières. Belle vue du sommet. Dimanche 4 Août 1907 Silhac [Carte] Messe à 7 h ½ au château dans le salon, c'est bien commode. Heure délicieuse sous notre noyer à côté de l'aire avec Benjamin et la jeunesse, lecture de Montalembert : mort d'Albert de la Ferronnays, mariage de Montalembert, et cela avec un air pur et vif ; la cloche de St Michel et les clochettes des vaches rompent seules le silence profond de notre solitude. Au salon Mr le Supérieur joue aux cartes avec Mr Cros. Après dîner, chaleur, 29° ; allons entendre le graphophone dans le jardin, c'est Mr de la Sales qui le fait marcher. De 5 à 7 h promenade avec Mr Gandolphe en vue de Chalencon. C'est joli, mais il fait chaud. Soirée d'abord sur la terrasse puis sur la paille avec Mr Gandolphe, pluie d'étoiles filantes, vœux exprimés, bicyclette, etc. Lundi 5 Août 1907 Silhac [Carte] Xavier, Adèle et Béatrix partent avant 7 h pour la montagne dominant St Michel d'où la vue est belle ; ils reviennent à 10 h. Vent du sud très violent, il tempère la chaleur ; Benjamin et Jules Ferrari à Silhac. Promenade en sous-bois. Je reste avec Gaby et Marthe au lavoir. Mardi 6 Août 1907 Silhac [Carte] L'après-midi promenade par la jolie route surplombant l'Eyrieux, de l'école à St Maurice, vue extrèmement étendue vers l'ouest, le ravin est très profond, c'est certainement la plus belle route des environs. Retour par le joli pont. Soirée sur la terrasse puis sur la paille. Gaby nous déclare en arrivant que, vu la pluie, elle s'en va ; nous nous moquons d'elle. Les éclairs sont superbes, le ciel est en feu, la pluie nous fait regagner la terrasse ; nous restons tard avec Mr Gandolphe à admirer la beauté du spectacle, la foudre sillonne les nues à tout instant, nous sommes tous debout contre le mur de la façade, mais un éclair d'une intensité effroyable nous saisit de frayeur, nous sommes dans le salon avant d'avoir réfléchi au danger couru. La pluie malheureusement est insignifiante. Mercredi 7 Août 1907 Silhac [Carte] Ciel couvert, temps plus frais. Benjamin va se promener seul. Xavier va à Silhac à bicyclette. Mr Gandolphe veut me retrouver près du marronnier, Xavier nous y rejoint. Après dîner pluie, elle cesse vers les 5 h pour nous permettre de nous promener. Partons pour St Michel, tournons ou franchissons trois ou quatre ravins, les uns très boisés ; femme en colère à l'entrée du village, le petit qu'elle gronde pleure toutes les larmes de ses yeux. Jolie position de St Michel, beaucoup de vue, c'est gai. Quelle petite et misérable église ! Quatre chaises de front occupent toute la largeur. Retour charmant dans des chemins creux, remontons en face de la villa. Travail manuel dans la soirée. Jeudi 8 Août 1907 Silhac [Carte] Xavier va à bicyclette à Vernoux : ni auto, ni bicycette, ni voiture pour le moment, nous irons peut-être à Ste Agrève mardi. De plus nous sommes dans la 2ème zone pour la chasse, mais heureusement sur les confins de la 1ère. A cause du vent, je vais lire dans la cour de la ferme à la grande stupéfaction du chat et des poules, j'y vois la folie de Villemain. Au retour je trouve sur la terrasse tout un chargement de caisses, meubles, etc., un char, des bœufs et 4 hommes. C'est l'ameublement de l'abbé Bosc qui arrive à dîner; chacun dit ce qu'il ferait s'il était millionaire. Vendredi 9 Août 1907 Silhac [Carte] Chaleur ; à dîner grande dissension sur Montalembert et Veuillot que nous lisons avec passion, Xavier et moi, nous nous amusons. Xavier cède à la tentation et part avec son fusil et son livre. Résultat : une tourterelle et une admiration toujours plus profonde pour Veuillot. Petite promenade, Gaby, Xavier, Benjamin et moi dans le bas de la propriété ; du chemin de St Fortunat à celui des Ollières de 5 à 7. La jeunesse est restée, les enfants ont été à Silhac malgré la chaleur. Marthone à 4 h est venue très gentiment nous offrir du lait. Sur la terrasse, la femme coupée à morceaux fait les frais de la conversation. Avant de nous coucher, à la recherche d'un verre pour boire à la source. Mr Gandolphe muni de la lampe éclaire la situation. Temps lourd, nuages. Mr et Mme Cros sont partis. Mr de la Sales nous descend nos timbres muni de sa lanterne. Samedi 10 Août 1907 Silhac [Carte] Benjamin au sujet des bains ; Mr Gandolphe fait une affiche comique avec des considérant, des arrêtés, etc. Il pleuvait à 7 h, nuages et soleil. La vie devient plus intime. Léonard mène ses enfants prendre un bain de pieds dans le torrent. Allons à Chalencon à 1 h ½. Route très jolie, position sur un mamelon ; il y a marché. Anciens vestiges de château, tour, porte ; sur la place, ormeau énorme ; église perchée, nous nous y confessons. Vue de Gerbier des Joncs et du Mézenc. Ciel noir, ausssi brusque départ ; quelques gouttes. Revenons au pas de course ; Hélène vient à notre rencontre avec tous nos parapluies ; grâce à Dieu, ils ne sont pas nécessaires. Dimanche 11 Août 1907 Silhac [Carte] Messe au château à 7 h ¾, lecture sous le châtaignier, il fait trop frais, je descends sous des noyers dans une prairie ombragée, j'y suis très bien. Attente du lieutenant Charié qui devait venir de Privas, c'est en vain. Fameux dîner en son honneur. Réponse des Drujon, mardi ils viendront à Ste Agrève. Visite à Mmes de la Sale et de Besse, charmantes. Petite promenade sous bois, cueillons des fleurs pour Claire sous son nez ; au retour lui souhaitons bonne fête. Lundi 12 Août 1907 Silhac [Carte] Restons à la villa, croquet, chapelet récité dans le chemin du château de Vilais. Plus on reste ici, plus on s'y plait. Grande répétition de chant. Mme Clot pleure. Mardi 13 Août 1907 Silhac - St Agrève - Silhac [Carte] Départ à 7 h ¼ à pieds pour la station de la Roche. Montons jusqu'à l'école en 40 mn sans trop de chaleur. 1 h de descente à l'ombre par un raccourci en lacets. A l'arrêt facultatif, attente d'une ½ heure. Heureusement que nous sommes à l'abri d'une toiture et que le banc est de 8 places. Arrêtons nous-mêmes le train minuscule. Route pittoresque ; au départ, grands rochers de couleur sombre. Au Cheylais, long arrêt, le paysage est moins joli ; mais de là à St Agrève la route est un enchantement. Elle suit l'Eyrieux, s'élevant jusqu'à 1050 m par des lacets; les ouvrages d'art sont fréquents. Enfin les mélèzes apparaissent puis les sapins. Mercredi 14 Août 1907 Silhac [Carte] Matinée conscrée à le confession, chacun monte au château à son tour, un confessionnal est installé tout près de la chapelle. L'après-midi, sauf Xavier qui fait semblant de lire ou de chasser et Benjamin qui va à Silhac se faire la barbe, personne ne quitte la villa ; d'ailleurs le soir y est très agréable à cause des effets de lumière. Jeudi 15 Août 1907 Silhac [Carte] Départ typique pour la messe, il s'opéra à 6 h ¼ dans une vieille diligence, nous sommes 24 à y prendre place ; toute la jeunesse monte sur l'impériale. Nous faisons impression sur la population ; le cimetière entoure l'église vieille et petite. La famille de Besses est devant nous. Lecture près de l'aire. Vendredi 16 Août 1907 Silhac [Carte] Il fait frais ; lecture à l'abri et bien couverte, de l'immortel Montalembert. Le curé de St Michel vient accorder le violon de Mlle de Besses. Jolie promenade sur la route de St Fortunat, nous revenons à regret. Les soir promenade au clair de lune ; sur la terrasse Mr de Lassale nous dit que l'hiver n'est pas gai dans ce pays, que les pluies commencent souvent fin septembre. Samedi 17 Août 1907 Silhac [Carte] Quelle tuile ! Mlle de Besses fait demander à nos jeunes filles par Mr Gandolphe, elle présente, de jouer la pièce des filles de Silhac qui la jouent trop mal, dimanche prochain. Nous ne pouvons pas refuser. Le temps étant frais, Benjamin va, avec Jules Ferrari à St Michel par la route de St Fortunat. L'après-midi il part pour Silhac avec Mr Gandolphe, je vais l'y rejoindre avec Claire et Béatrix. Retour tous ensemble. Dans la soirée Mlle de Besses descend avec Mr Cros, elle donne la pièce à lire aux jeunes filles, elle est condamnée. Dimanche 18 Août 1907 Silhac [Carte] Messe au château. Mr Gandolphe est notre porte-parole auprès de Mlle de Besses pour dégager les jeunes filles. L'agitation et l'émotion vont crescendo. Il revient, tout est arrangé ; Mlle de Besses descend, on donnera un concert, au lieu de la comédie ; on choisit les chants ; pendant ce temps je fuis le bruit et vais passer deux heures délicieuses avec Montalembert. Lundi 19 Août 1907 Silhac [Carte] Il y a beaucoup d'air, mais chaud, malgré ce, le soir, avec Benjamin, tous les deux seuls à la promenade par la route de Silhac au 2ème col vers Chalencon ; retour par la crête, nous nous égarons cinq minutes dans les bois. Eclairs magnifiques toute la soirée, le ciel se couvre. En rentrant, cherchons la provision de pain pour juger si nous pouvons en espérer du frais. A peine dans nos chambres, il pleut. Les Drujon viendront Jeudi. Mardi 20 Août 1907 Silhac [Carte] Vu la fraîcheur, on se groupe, on se réfugie sous le marronnier. Une dépêche des Drujon nous annonce leur arrivée pour la semaine prochaine. Départ pour une grande promenade de 4 heures, Benjamin et moi menons les 4 jeunes à St Michel d'abord, par la nouvelle route, sur celle de St Fortunat. Retour après 2 h ¾. Claire, qui va à St Michel pour la 1ère fois, est ravie, enchantée de la fraîcheur de ces deux ravins. Halte à la petite église, nous contournons le presbytère pour y pénétrer ; y prions à haute voix ; invoquons St Michel représenté sur le petit vitrail du fond, pour la France et pour Adèle. Le retour est long par cette montée de St Fortunat, en sens inverse, c'eût été mieux ; avant le départ, visite de Mr d'Angle qui nous engage fortement à découcher pour aller à La Louvesc et revenir par St Bonnet le Froid et St Agrève. Benjamin promet aux enfants d'aller à La Louvèse ; ce sont alors des transports qui se traduisent le soir à table par un enthousisme indescriptible. Gaby parle de rester, Adèle déclare ne vouloir jamais d'enfants s'ils sont des chaînes, et ainsi de suite. Soirée dans le salon à cause du vent impétueux. Tandis que Benjamin et Mr Gandolphe parlent littérature, Xavier lit et nous travaillons à la nappe à thé tout en nous associant à la conversation des messieurs. Mercredi 21 Août 1907 Silhac [Carte] Grande nouvelle : Josette a 9 petits ; chacun va les voir, les examiner, puis quand on est disséminé, grande noyade. Lecture idéale du grand et magnanime Montalembert dans les immenses prairies en face de St Michel. Un mur m'abrite du vent violent et froid ; assise à un demi-soleil, je me délecte dans cet aperçu de ces Moines d'Occident. Lire cet ouvrage dans un site aussi beau, c'est donner à Montalembert le cadre qui lui convient. Jeudi 22 Août 1907 Silhac [Carte] Vent toujours froid et violent. Heure de lecture délicieuse dans la prairie, à l'abri du mur ; j'y vois la condamnation si pénible des doctrines de Montalembert par le St Siège, lui qui aimait et défendait l'Eglise avec toute la fougue du fils le plus dévoué. Vendredi 23 Août 1907 Silhac [Carte] L'heure délicieuse par excellence est celle de ma lecture de Montalembert dans l'immense prairie ; bain avec Mathone très gentillette. Les Ferrari et Mr Gandolphe à Vernoux ; nous sur le plateau de St Gaudens. Xavier ayant vu une compagnie de perdreaux part avec les 4 jeunes filles qui battent un bois pour les lui chasser. Rien. Samedi 24 Août 1907 Silhac [Carte] Avec Benjamin, dans la grande prairie pour lire, Benjamin retourne chercher son livre, je m'étais trompée de volume, fin de la vie de Montalembert ; il a beaucoup souffert parce qu'il n'a pas été un fils assez soumis à l'Eglise ; il voulait la conduire au lieu de se laisser guider par elle, etc. Dimanche 25 Août 1907 Silhac [Carte] Messe au château à 7 h ½. Lecture de Mme de Maintenon dans la grande prairie. Préparatifs pour la réunion de l'après-midi ; à 3 h, grand concert ; une soixantaine d'invités. Mlle Galland, très jolie voix, chante très bien, avec beaucoup de goût, Tannhauser. Mlle de Besses a une belle voix. La sérénade de Braga avec accompagnement de violon est ravissante. Marie-Madeleine de Massenet, très bien. Stances à la charité en chœur, très bien aussi. Goûter sur la terrasse, puis vues de Suisse dans une lanterne magique montées par Mr de Lasalle. Arrivée des diabolos, tout le monde joue dans la prairie derrière la maison excepté Mr Gandolphe exténué. Lundi 26 Août 1907 Silhac [Carte] Journée chaude et calme. Visite de Mmes de Besses et de Lasalle ; le soir promenade de ¾ d'heure avec Marthone sur le chemin de l'école ; c'est d'abord délicieux, Marthe court, fait de petites phrases, appelle Xavier et Mithé puis Béatrix qui jouait au diabolo dans les grandes prairies. Elle trébuche et tombe à la descente, ce sont des pleurs et des larmes sans fin. Marie-Thérèse par contre est pleine d'entrain, sur le dos de Xavier, elle saute, le pince, lui tire le nez, les oreilles, les cheveux, la moustache. Le vent du midi se lève très fortement. Quel temps aurons-nous demain pour aller à La Louvèse ? Mardi 27 Août 1907 Silhac / Vernoux / Lamastre / Tournon / St Félicien / La Louvesc et retour [Carte] A 6 h, départ en voiture tous les 8 pour Vernoux. A 7 h en auto pour La Louvesc, avec Benjamin et Xavier dans le coupé. Route jolie jusqu'à Lamastre, on passe un col assez élevé entre Vernoux et Lamastre. Celle-ci aux bords d'un cours d'eau se jetant dans l'Eyrieux etsur la ligne de Cheylard. A Tournon, grande localité avec un magnifique temple, l'église est haut perchée. Après avoir passé le pont, route moins jolie jusqu'à St Félicien, puis de la paroisse nous nous élevons en hauteur. Il faut changer une bougie qui a brulé, nous n'aurions pas pu monter sans cette précaution. Après le col, jolie route dans les sapins. En arrivant, les trois garçons montent dans notre auto jusqu'à La Louvesc. Jules puis Amélie se trouve là avec tous ses enfants. Visite de leur villa extrèmement bein meublée, jolis salons et chambres. On ne peut être mieux. Déjeûner à l'ancien hôtel Teissier, dans le salon où nous étions il y a 2 ans. L'ancienne résidence des Pères sous séquestre. Après la visite de l'église, celle de la chapelle de St François Régis, toute nouvelle, il y a son tombeau. Avec les Drujon promenade sous-bois à la ferme Grange Neuve, puis aux bords d'un petit étang. Un photographe vient nous y prendre. Grand goûter de gala chez Amélie, gâteaux excellents. Mercredi 28 Août 1907 Silhac [Carte] Visite de la maison et des alentours. Adèle et Béatrix mènent leurs cousins au sommet du Saint Gaudens. L'après-midi, promenade à l'école, à St Maurice, par la jolie route surplombant l'Eyrieux. Allons à St Michel par la crête, c'est boisé, très joli mais perdons tout chemin, sautons des murs, traversons des champs et arrivons ainsi à St Michel. Rafraîchissements au café. Retour par les ravins. Vent impétueux dans la soirée. Incendie du côté de St Maurice, les messieurs et Gaby vont se rendre compte de son importance. Jeudi 29 Août 1907 Silhac [Carte] Toute la jeunesse va sur l'aire voir les petits chiens sous le tas de paille ; puis on joue, on lit. Après dîner, visite du curé, Léon et Béatrix jouent du piano, Xavier, Adèle, Jules et Maxence font un bridge ; le fameux violon de Mlle de Besses est exhibé par Léon, puis Maxence l'essaie infructueusement. Avec Benjamin au château pour faire notre vivite d'adieu. Hélàs ! le temps est bien menaçant, cependant départ pour Chalencon. La pluie fait revenir Benjamin. Elle nous fait rentrer dans une ferme, nous admirons les enfants, puis il nous faut revenir. Réunion au salon ; on vote les jeux : celui des chaises pour s'assoir au son du piano, la brosse, l'as perché quand il ne pleut plus, ont beaucoup de vogue. Après dîner, jouons à poule et oule, puis aux adverbes, le tout avec beaucoup d'entrain. Vendredi 30 Août 1907 Silhac / Valence A 6 h départ des trois fils Drujon en voiture à Vernoux. Xavier les accompagne pour chasser au retour, le temps est magnifique et chaud, 18°. Malles à faire. Mr Gandolphe prend ma chambre, il sera le bout-en-train de la maison. Je travaille encore avec Gaby, puis avec elle, Benjamin et Marthe. Dernière promenade sur la route de l'école. Marthone, délicieuse, plante une feuille de fougère que Stop déracine et cela sans discontinuer. C'est un tableau charmant. Dîner à 6 h, départ à 6 h ½ dans la vieille diligence de Chambaud. On est mal sur le devant, mal dans l'intérieur. A 10 h ½ à Valence. Salvat nous attend en gare. Au buffet, causerie d'une heure, rafraîchissements, nous lui rendons Mithé et partons tous les 6 seuls dans le compartiment des dames dans le 1er rapide à 11 h ½. Samedi 31 Août 1907 Valence / Dijon / Paris Il y a un an Marie-Thérèse arrivait au monde entre Dijon et Mâcon. Je dors comme un loir jusqu'à Dijon. Arrivée à 8 h ¼. Difficulté pour trouver un cocher voulant nous mener chez Corinne. Elle s'est levée pour nous recevoir. Charmante installation, notre chambre donne sur le Bd des Invalides au 38. Matinée toutes chez deux coiffeurs. Après le déjeûner causerie avec Lilette et Corinne. Avec mes filles au Bon Marché. Puis chez Lysbeth, rue Violet, 63, elle s'appelle Claire d'Assise. Elle est affectueuse et gentille ; bien contente ; avec Benjamin au métro pour aller aux Buttes Chaumont, nous les visitons en voiture, c'est ravissant. Quel mouvement dans cette rue Lafayette ! Ce soir je revois Octave chez Corinne. Nous dînons ensemble. Les enfants parlent anglais avec une anglaise. Dimanche 1er Septembre 1907 Paris Grand'messe à St François Xavier, très belle, le Graduel avec des voix enfantines dans le lointain céleste ! Benjamin et Béatrix s'occupent de nos billets. Je vais voir Marie Louise de Roux, c'est la Supérieure de la maison qui me reçoit, très bonne. Marie Louise délicieuse. Après déjeûner aux Invalides, le tombeau de Napoléon, superbe ; l'église avec ses deux mausolées de Vauban et de Turenne, un beau cadre. L'église de St Louis, qui est celle des Invalides, avec tous ses drapeaux pris à l'ennemi, fait sensation. Visitons la salle de Turenne très intéressante ; voyons la capote grise et le bicorne de Napoléon, son lit de camp et ses sièges de camp aussi, les batons des maréchaux de Lannes, etc. Lundi 2 Septembre 1907 Paris / Versailles / Dreux / Vire / Avranches / Pontorson / Mont-Saint-Michel En gare à 8 h ½. Départ pour Pontorson. Route très jolie jusqu'à Versailles puis monotone, prairies vertes encadrées d'arbres, pays très plat. A Dreux, la chapelle royale des d'Orléans domine la ville ; à Vire, tout est neuf, jolis petits hôtels. Il fait frais, trop frais ; il pleut ; à Avranches apercevons de loin le Mont Saint Michel. contournons la baie, arrivons à Pontorson vers 4 h avec la pluie. En voiture au Mont, ¾ d'heure de trajet, il fait froid. Quelle curiosité que ce Mont, on y circule du haut en bas et de bas en haut. Sommes logés à l'hôtel Poulard, dans la maison blanche, la chambre de Benjamin est si petite que je prendrai place dans le lit de Claire ; Adèle et Béatrix partagent le même lit dans la même chambre. Visite du musée ; par une lentille, curiosité d'optique, nous voyons sur une table les jeux de mains de deux hommes s'amusant sur la place. Vu les personnages en cire qui avaient illustré les prisons de St Michel, Barbès, Blanqui, etc. puis le roi Louis XI avec le cardinal de la Ballue. Bijoux faits avec les ressorts d'anciennes montres. Mardi 3 Septembre 1907 Mont-Saint-Michel / Pontorson / St Malo / Cancale / Saint Malo [Carte] Il a fait chaud cette nuit, cependant temps couvert. A 7 h ½ déjeûner dans la jolie salle vitrée, puis montons à l'abbaye, monument curieux dans sa splendeur des XIè, XIIè et XIIIè siècles. L'église très belle, le chœur, le cloître si beau qu'il est appelé "La Merveille", la salle de réfection des échanges, la crypte, le réfectoire des Pères dont on n'aperçoit aucun vitrail en entrant à cause de la structure des colonnettes qui les séparent. Vue magnifique de la terrasse. Les cachots des hommes politiques de 1820 à 1863, sont affreux pour des humains. Nous sommes enchantés de notre visite très intéressante et de notre cicerone, nous étions seuls avec lui , 1 h ¼. Descente par les remparts, tour de l'île par les grêves, très amusant. Départ dans notre break à 9 h ½. Revoyons longtemps l'abbaye en partant, petite pluie fine. La marée était malheureusement basse, elle est haute le lendemain de la nouvelle et pleine lune. Trajet court et peu intéressant de Pontorson à St Malo. Hôtel de France et de Chateaubriand, très bien. Après quelques arrangements et le déjeûner, voyons la chambre où est né Chateaubriand, même ameublement ; courses dans la ville, visitons l'église paroissiale, jolie et très propre. Mercredi 4 Septembre 1907 St Malo / Dinard / St Malo / Dinan / Dinard / St Servan / St Malo [Carte] Quelle journée délicieuse et bien remplie sans être fatigante. A 8 h, départ en bateau pour Dinard. Traversée en ¼ d'heure. A pied pendant une heure devant les merveilleuses villas, entre elles et la mer, les côtes très découpées, les villas éblouissantes de fleurs. Près de St Enogat, prenons une voiture pendant une heure ; du côté de La Vicomté, on surplombe la mer, très découpée, au milieu des landes, c'est ravissant, le chemin moins agréable pour s'y rendre. Au cœur de la ville, beaux magasins. Pour le site et les magasins, le monde select et pour tout, Dinard peut rivaliser avec Monte-Carlo et la Côte d'Azur. Jeudi 5 Septembre 1907 St Malo / Jersey [Carte] [Carte Jersey] Départ à 6 h du matin en bateau pour Jersey. Le bateau est assez grand, beaucoup de monde. Beau temps au départ, apercevons le Mont-Saint-Michel. Peu à peu le temps se brouille, un peu de pluie, de roulis ; la pauvre Béatrix pâtit, plusieurs dames sont malades, notre voisine, entr'autre, asperge le dos d'un monsieur. Arrivée à 9 h. En landau, avec tous nos bagages, chez Mme Huet. Prenons possession de nos chambres au 2ème. Vendredi 6 Septembre 1907 Jersey [Carte Jersey] Messe de 8 h à St Thomas. Loulou, que nous voyons de 9 h ½ à midi, est plus expansive qu'hier. Elle nous fait promener dans la villa fort jolie ; près du S.C., Claire la prend en photographie. Nous nous asseyons près de là, au bord de la prairie. Que de choses à nous narrer ! Après dîner, en landau, faisons un tour très agréable ; les chemins sont très ombragés, toujours verts. Allons d'abord à la baie de Boulay par la tour du Prince que nous visitons, à celle de Razel, puis de Ste Catherine, la plus jolie ; le château de Montorgueil, le clou de la promenade, est couvert de lierres ; ce sont de très belles ruines. Goûtons sur une table en face de la mer avec des tartines de beurre de fort bon appétit. Samedi 7 Septembre 1907 Jersey / Plémont [Carte Jersey] Partons à 8 h en landau pour Plémont. Trajet par les routes ombragées ; Béatrix grimpe sur le siège du cocher, lui parle, conduit tout ça en cours de route. Descente aux caves de Plémont. La mer est basse, sur le sable, dans une grotte où le guide arrête Benjamin dans le vide, il croyait descendre une marche, il y avait plus de 1 m 50 de hauteur. Traversons la plage ; profil de Louis XIV dans le rocher. Dans cette grotte on traverse une marre sur une planche puis le guide nous porte pour en traverser une seconde, Benjamin à califourchon, les dames sous les bras ; nous pendions de tout notre long sur son dos. La grotte est profonde. La noirceur des roches, l'herbe verte et courte qui tapisse la montagne à côté de cette mer si bleue, forment un contraste très beau. Demain notre guide viendra nous chercher en voiture pour voir la marée haute. Dimanche 8 Septembre 1907 Jersey [Carte Jersey] Messe à 8 h à St André, seule à Beaulieu. J'y vois Mère Sainte Radegonde. Puis tous réunis sur les deux bancs de la prairie, jasons et rions à qui mieux mieux. Dînons avec le monsieur, c'est un général de brigade. Correspondance pendant que les enfants se promènent à bicyclette. Attendons à 4 h ½ la voiture de Plémont qui ne vient pas. Promende au bord de mer du côté de la plage de St Clément, sorte de chemin de corniche, macadamisé pour les piétons avec bancs. Lundi 9 Septembre 1907 Jersey [Carte Jersey] Courses avec Benjamin, achats divers, tandis que Claire et Adèle vont à Montorgueil à bicyclette. Correspondance dans le salon après dîner puisque nous sommes seuls. Voyons Loulou, soit assis, soit en nous promenant car il fait très frais malgré le soleil. La Mère Ste Radegonde est partie pour trois ou quatre jours pour Blanchelande. Loulou nous enchante par son contentement parfait. Salut à son couvent. Jolie petite chapelle ; voyons les postulantes, assez nombreuses. Le noviciat travaillant dehors nous avait bien amusé. Glaces à la fraise, très bonnes. Les enfants vont acheter des rouleaux de graphophone. Il fait frais, je rentre. Correspondance, cartes. Mardi 10 Septembre 1907 Jersey [Carte Jersey] Diligence après déjeûner pour être à 9 h à Beaulieu ; comme c'est le dernier jour, voyons Loulou matin et soir. Les novices travaillent sous le cèdre. A 11 h avec Benjamin, au Grand Hôtel pour prendre un bain ; Mme Huet est à ¼ d'heure de Beaulieu et du Gd Hôtel. Faisons les malles après dîner. A Beaulieu de 3 à 5 h. Claire nous prend en photo. Adieux pour un an. Je vois la Mère Ste Hervé à la place de la Mère Ste Radegonde qui est à Blanchelande. Loulou est si heureuse que c'est moins triste de la laisser. Sur le port, au chemin de fer de Corbière. Longeons la mer dans la baie de Saint Aubin. Ce matin on allait du fort Elisabeth à pieds secs, ce soir la mer a repris ses droits et le fort est une île perdue dans les flots. On se baigne tout le long de la plage jusqu'à St Aubin . A cette station, Claire, Adèle et Béatrix montent dans notre compartiment, elles étaient venues à bicyclette et retournons de Corbière. Très jolie vue à l'arrivée, cette baie de St Ouen à l'ouest et celle de St Engalade au sud avec des rochers noirs émergeant de la mer toujours agitée à cette pointe, forment un spectacle sévère et saisissant. Retour seule avec Benjamin. Envahissement de notre compartiment par une bande d'Anglais. Arrivée à 7 h ½. A 8 h à table. Prière à St Thomas. Mercredi 11 Septembre 1907 Jersey / Guernesey / Southampton / Wight (Cowes) [Carte] Lever à 6 h pour le bateau de 8 h. Adieux à Mme et Mlle Huet, charmantes hôtesses. Notre vieux cocher nous mène à l'embarcadère. Départ à 8 h. Temps splendide, mer calme comme un lac. Longeons l'île Sark ; voici Guernesey ; cherchons quel pourrait être le home de Victor Hugo. 1 h ¼ d'arrêt à St Pierre qui en est la ville principale. Chargement de bagages énorme ; très intéressant à suivre, les petits colis sont des centaines et des centaines de paniers de la même grandeur qui dégringolent dans la cale par la pente de planches mouillées ; c'est très curieux ; des hommes, 5 ou 6, vont chercher les paniers, les posent sur les planches ; un autre donne l'élan ; un 2ème accentue l'élan ; un 3ème fait passer de la planche inclinée sur le planche presque verticale ; 3 ou 4 hommes les reçoivent à fond de cale et les placent. Pour les colis énormes, pas moins d'adresse avec l'aide de la grue. L'homme faisant signe de tourner pour faire descendre les chaînes ou les enrouler, faisant des signes en tire-bouchon ou de stopper, très curieux. Jeudi 12 Septembre 1907 Wight (Ryde) Notre hôtel peu engageant, c'est un restaurant et rien de plus. A 9 h arrivons chez les Bénédictines au moment de la grand'messe ; y assistons ; toutes ces moniales me donnent beaucoup de distraction. Mimy, Jeanou et Lily très affectueuses ; causons de tout et de tous. Mimy avec son bâton est mieux, cependant toujours la même, posée, sérieuse, avec cela gaie, s'intéressant à tout, Jeanne délicieuse comme toujours, Lily un peu silencieuse, écoute volontiers. A midi allons déjeûner chez Mme Blake. Elle n'avait pas reçu notre lettre et aurait pu nous loger. Vite seule chez les Bénédictines. Les sujets de conversation abondent ; restons jusqu'à 6 h ; pendant les vêpres allons faire le tour de la propriété, bien située. A 6 h, sur la promenade, sur la grêve. A la promenade, jeux de boules très intéressant, le but à 40 pas, les boules roulent, jamais en l'air. Souper toujours le même, haricots verts, pommes de terre, etc. Vendredi 13 Septembre 1907 Wight (Ryde) Déjeûner très sommaire, le chocolat étant très mauvais, tout le monde mange froid. Vite chez les Bénédictines de 8 à 10 h ; elles sont charmantes, les enfants en raffolent. A 10 h ½, sur notre mail-coche qui ne part qu'à 11 h. Nous sommes tous les cinq sur le 1er banc des plus hauts. Traversons Ryde, très jolies villas, coquettes ; depuis Dinard nous n'avions plus rien vu d'aussi fleuri ; apercevons Quari Abbey, la future abbaye des Bénédictins qui était aux Cisterciens ; son mausolée du prince Albert renfermant celui du prince de Battenberg ; tout près Osborne ; visite de certaines salles ; la salle à manger est belle mais la salle la plus intéressante est celle des portraits de famille, Victoria, Albert, le prince de Galles avec sa femme et ses enfants, Guillaume II avec sa femme et les aînés de ses enfants. Le parc est magnifique, la terrasse descend du côté de la mer. Le paysage de la rivière de Cowes en bac est très curieux ; deux mails-coches sont sur la plateforme et on roule vers l'autre rive, c'est original. Arrivée à un restaurant seulement à 2 h ½, nous mourons de faim. Attablés sous de magnifiques ombrages, nous dévorons un dîner maigre après avoir traversé Newport. Samedi 14 Septembre 1907 Wight (Ryde) / Cherbourg Quittons nos trois moniales avec grand regret et l'Angleterre avec une profonde joie ! Nous avons assez des Anglais, de leur langue et surtout de leur cuisine. A 8 h ½ au tramway qui parcourt la jetée allant à la station de bateau. ryde est décidément un joli coin de terre ; revoyons Osborne avec la lorgnette. De nombreux châteaux sont aussi sur les côtes anglaises avant d'arriver à Southampton. Là, à pied, à notre magnifique transatlantique allemand, le Saint-Paul, allant à New-York par Cherbourg. C'est loin, ce paquebot immense n'est pas disposé comme nos paquebots des messageries, le pont des 1ères est couvert par un pont prohibé ; seul à l'avant et au milieu, on a le ciel à découvert. Le déjeûner dans la magnifique salle à manger est amusant. Quel monde hétérogène ! des Américains, des Anglais, des Allemands, des familles, des enfants, l'un tout jeune qu'on promène dans sa voiture sur tout le pont, des acteurs, des actrices. Le lunch est compris dans le prix ainsi que le thé et les biscuits qu'on passe sur le pont à 4 h. Dimanche 15 Septembre 1907 Cherbourg / Coutances / Tourville / Folligny / Granville / Aigle / Dreux / Paris Très bien dans notre hôtel de l'Amirauté. Messe à la Trinité à 7 h, belle église, beaux vitraux.Sur la place statue équestre de Napoléon Ier fort belle. Courons à N.D. du Vœu, moins belle ; arrivons à l'hôtel avec Adèle et Béatrix au moment où Benjamin et Claire partent pour la gare, passons par la place Divette, rien de remarquable. En somme, en dehors des deux églises et la rade, rien à voir. Au train de 9 h. Un monsieur et une dame montent dans notre compartiment, le train en marche, la dame pousse des cris de paon, c'est comique. En somme, ils sont gentils. La campagne est verte et plus accidentée que le reste de la Normandie. A Coutances, cathédrale magnifique, vue du train. Tout le monde se rend à l'inauguration de la statue de Tourville dans cette ville , entr'autre les messieurs en gare ce matin à Cherbourg, les officiers de marine, etc. A Folligny, changement de train. Lundi 16 Septembre 1907 Paris Bon marché. Docteur Trousseau. Enfants au Luxembourg . Benjamin et moi le soir dînons avec Lilette. Lilette fait faire en omnibus le tour des boulevards aux enfants. Mardi 17 Septembre 1907 Paris Tandis que Benjamin, Adèle et Béatrix vont à Joinville revoir la villa et Mme Giran qui croyait Xavier dans l'autre monde. Avec Claire prenons le tramway de la place de la Bastille pour Charenton. Arrêt au pont de Conflans et vite au S.C. où nous pourrons faire une visite d'une ½ heure à Mmes de Bouy et de Forceville ; elles sont charmantes ; nous leur portons les photos de Loulou en auxiliatrice ; après les avoir vues ensemble Claire et Mme de Forceville font un aparté, Mme de Bouy et moi un autre. Puis nous nous réunissons encore pour les quitter, trop vite, mais il faut le temps de regagner notre logis. de notre tramway, nous sautons en voiture et fouette cocher ! Mercredi 18 Septembre 1907 Paris / Lyon (en train) Avec nos trois filles, en voiture à la gare du Nord, nous allons à St Denis. ¼ à pied de la gare à la vieille et belle basilique, pleine de souvenirs historiques. Les vitraux sont magnifiques mais nous nous bataillons avec le sacristain qui ne veut pas nous laisser entrer immédiatement dans l'enceinte réservée parce que la visite est commencée ; il cède ; dans la crypte on entrevoit à peine les tombeaux de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Dans la basilique, le tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne, tout en marbre, superbes. Puis celui d'Henri II et de Catherine de Médicis, bronze et marbre dans le même genre. En courant en gare, un train direct nous mènera à Paris à midi moins ¼. En une ½ heure traversons Paris en voiture, le mouvement de la rue Lafayette est indescriptible. Après dîner, vite à la manufacture des Gobelins ; droit aux ateliers, visite extrèmement intéressante : la laine court horizontalement dans la hauteur du sujet, c'est merveilleux. La vie de Duguesclin pour le Palais de Justice de Rennes sera un chef d'œuvre. Voyons un tapis en savonnerie, c'est-à-dire imitant le velours, pour l'église, fort beau. Visite des salles d'exposition. Jeudi 19 Septembre 1907 Lyon / Marseille (en train) Sommeil jusqu'à Avignon où nous déjeûnons à 7 h. Eugénie, ses deux enfants et Eléonore sont là. Celle-ci pleure en voyant les photos de Loulou en auxiliatrice. Arrivée à 9 h 20. Adèle m'attend en gare, bonne causerie dans l'omnibus en attendant les bagages. A la Viste à 11 h. Ce voyage a été un des plus agréables. |